samedi 11 mai 2013

Le bateau de la destinée 1/2



Au lever du soleil et en plein milieu d’un océan houleux, où les tempêtes et la piraterie sont monnaie courante, vogue un bateau. Un énorme navire, le plus grand de sa catégorie, battant les flots sous le nom de « Les îles », écrit en grosses lettres sur son flanc.

 «Les îles » qui est pourtant doté d’énormes potentialités à la fois techniques et humaines qui devraient lui permettre de réussir les traversés les plus pénibles, semble cependant avoir perdu son cap depuis belle lurette. Errant dans l’énormité de l’océan, plongé dans un épais brouillard qui l’empêche d’atteindre les rivages du bonheur, du progrès, de la prospérité ou encore de la liberté qui s’éloigne de jour en jour.

 Le commandant de ce navire, un homme au physique maigrichon, à la petite taille, aux traits très durs avec une chevelure grisonnante par tant d’années de mensonges et de complot, se nomme « Babahoum ». Ce dernier, malgré son incompétence ainsi que celle de son équipage et son incapacité à gouverner le navire depuis le premier lever d’ancre, s’accroche aux commandes tel un poulpe qui tient sa proie, avec une seule devise : « Moi aux commandes, ou le navire coulera ». 

Il faut savoir en effet que ce navire est en train de couler peu à peu, s’enfonçant chaque jour encore plus. Alourdit par les fuites d’eau qui l’attirent vers les profondeurs obscures de l’océan. Coulant doucement avec à son bord des passagers qui ont embarqué avec une promesse de liberté et qui se trouvent subitement prisonniers avec leur destin qui échappait à leurs mains.

 De grandes questions préoccupaient cependant leurs esprits : Doivent-ils accepter cette fin, au risque d’une mort certaine? Doivent-ils quitter le navire vers d’autres rivages éphémères en risquant la noyade ou le désenchantement ? Ou encore doivent-ils assumer un sursaut d’orgueil et tenter de prendre les commandes du navire et reprendre ainsi leur destinée en main ? De grandes questions, source de grandes angoisses ! 

 *** 

Il était là au milieu de ce beau monde de passagers, fougueux, rêveur et si réaliste à la fois avec, toujours, un petit sourire malin au coin de sa bouche. Un sourire qui illuminait son visage. Même quand ça allait mal pour lui, cela ne l’empêchait point de semer l’espoir chez tous ceux qui croisaient son chemin. Il y croyait dur comme fer que le bateau pouvait être sauvé, que le quitter vers d’autres cieux ou encore rejoindre les passagers qui se voilent la face en se rapprochant du commandant ou de son clan, n’étaient pas des solutions en soi. Il refusait de marchander ses principes, sa conscience et sa détermination. Il se nommait Amazigh et avec une seule devise : « Rien à perdre, sauf ma dignité ».

 Le jeune Amazigh, la vingtaine tout juste dépassé, décida un jour de se lancer dans un périlleux projet afin de convaincre le maximum de ses pairs de ne plus accepter ce qui est considéré comme étant leur destin inévitable. De forcer la main à la fatalité car, comme il le disait si bien, « si un jour le peuple voulait vivre, le destin devait y consentir ». 

La tâche s’avèrera cependant plus difficile que prévu entre celui qui ne se sent pas concerné en usant de son fameux « akhti rassi», et l’autre qui croit que cette situation est une fatalité avec sa phrase préférée « Allah ghaleb ».

 Malgré le brouhaha que cette initiative a provoqué, le jeune Amazigh, d’abord totalement désenchanté, choisira de garder espoir. Surtout avec le soutien moral du jeune Wael qu’on appelle « Wael el moutafaïl » ou celui de sa bien-aimée Houria. La jeune femme avait certes ses propres raisons pour ne pas partager les ambitions immédiates de Amazigh, cela ne l’empêchait nullement de l’admirer, de l’aimer et d’être convaincue en son for intérieur, que les principes de ce dernier étaient justes.

 Un jour, profitant d’une soirée de pleine lune et d’une brise fraîche qui balayait le pont du bateau, Amazigh était assis sur sa chaise, réfléchissant tranquillement aux futures actions à mener pour pousser au changement. D’un coup, brusquement, une équipe de matelots, le malmena, le menotta et l’amena aux quartiers interdits ! Quel crime avait-il commis ? Avait-il dit tout haut ce que tout le monde pensait tout bas ? Est-ce que l’appel à une union et à une réaction des jeunes est si dangereux pour la survie du commandant, pour que la réaction soit si rapide et si violente ? On ne le saura pas de sitôt.

A suivre ...

Dz Du Ceur

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