mardi 23 octobre 2012

La douloureuse expérience Algérienne avec l’ouverture démocratique :




Aujourd’hui la Tunisie vit une situation exceptionnelle sur tous les plans, ce qui la conduit à une certaine instabilité et une vision de son avenir le moins qu’on peut qualifier d’incertaine.

Mais qu’est ce qui est le plus normal que d’essayer de faire un rapprochement dans le temps et dans l’espace avec d’autres pays qui ont vécu des expériences ayant un certain degré de similitudes avec le cas Tunisien, et le cas Algérien est très intéressant à étudier et à connaitre de plus prêt pour ne pas refaire les mêmes erreurs de ce pays voisin afin d’éviter les mêmes tragédies.

En effet, depuis son indépendance en 1962 l’Algérie a vécu sous le règne du parti unique qui est le FLN (Front de Libération National), et pour ne pas refaire toute l’histoire disant que jusqu’à un certain 5 octobre 1988 il y avait ce qu’on appelle l’ère de la pensée unique, mais après cette date où des milliers d’Algériens sont sortis à la rue pour crier haut et fort leur ras-le-bol et pour demander des changements et une ouverture sur tous les plans, les choses se sont mises à basculer avec une rapidité vertigineuse et l’Algérie a vécu son printemps plus d’une vingtaine (20) d’années avant ce qu’on appelle de nos jours les révolutions arabes.

Chronologie des évènements du printemps Algérien :
Le 5 octobre 1988 l’Algérie a connue des manifestations populaires qui ont touché une grande partie du pays suite a une crise économique et une impasse politique, mais la riposte de l’armée était sanglante où plus de 500 personnes ont été tués.

Ces évènements ont amorcé un cycle de changement assez important mais la question qui se pose quel changement s’est opéré ? Par quels moyens ? Et surtout comment ce printemps Algérien s’est transformé en décennie noir ?

Suite à cette révolte et les centaines de morts le pouvoir en place s’est retrouvé obligé d’amorcer une série de réformes pour assurer sa propre survie, et ce qu’on peut retenir comme butin de cette révolte est le passage du parti unique au multipartisme, à une liberté d’expression dans son temps qui était impressionnante à ce qui se faisait dans la rive sud de la méditerranée,  une explosion du nombre de journaux avec leurs diversités et surtout une nouvelle constitution et ce dès 1989 qui a été validé par référendum.

Donc le premier constat c’est qu’après une année de cette révolte, les choses ont progressé positivement et les changements opérés nous laissaient présager un avenir meilleur.

Cependant cette ouverture brusque a autorisé aussi la création d’un parti totalitaire, à base idéologique religieuse qui usaient de la religion à des fins purement politiques, en l’entité du FIS (Front Islamique du Salut), le hic de cette histoire c’est que la création d’un tel parti était anticonstitutionnelle.

Dès 1990 il y a eu les élections municipales qui ont été remportées par le FIS avec un taux d’abstention qui a dépassé les 50%.

Chose intéressante à rappeler c’est la participation d’un certain Rachid Ghanouchi (le chef d’ENNAHDHA) à la préparation de la compagne électorale du FIS, de même que sa contribution à la mise en contacte du FIS avec ses bailleurs de fonds, les monarchies du golfe.

Dès cette victoire, les islamistes ont montré leur vraie nature avec le fameux slogan écrit par les propres mains d’Oussema Benladen : « لا ميثاق لا دستور قال الله قال الرسول » (Ni charte, ni constitution, dieu a dit, le prophète a dit). Ou encore les déclarations du numéro deux du FIS, Ali Belhadj où il prônait la khilafa, où il considérait la démocratie comme impie ... etc.

En Décembre 1991, et (3) trois ans seulement du fameux 5 octobre 88 il y a eu les élections législatives où la population s’est retrouvée face à un vrai dilemme, soit voter pour le FIS (islamistes, radicaux), soit voter pour le FLN (le système), le résultat était qu’une majorité de la population s’est abstenue avec encore une fois plus de 60% d’abstention et une victoire du FIS avec 47% des suffrages.

Dès Janvier 1992 l’armée a décidé de l’arrêt du processus électoral en considérant que le FIS  représentait un danger pour la république ! De même que l’instauration du Haut Comité d’Etat, présidait par Mohamed Boudhiaf qui était assassiné en pleine conférence télévisé durant la même année.

Durant ces dernières années le FIS a radicalisé son discours au fil du temps jusqu’à arriver à un point où il a déclaré le Jihad contre l’ETAT, avec la création en 1993 de son bras armé l’AIS (Armée Islamique du Salut), sans oublier d’autres groupes armés tels que le GIA (Groupe Islamique Armé), ce qui a poussé l’Algérie à une décennie noire où il y a eu des centaines de milliers de victimes et des milliers de disparus, sans parler des dommages collatéraux tel que les séquelles profondes qui ont touché la société Algérienne, la destruction du tissu économique ...etc.

Quelles conclusions peut ont tiré de l’expérience Algérienne ?  :
L’expérience Algérienne est pleine d’enseignement, car elle nous renseigne comment une révolte (début d’une révolution) a conduit le pays à une parenthèse démocratique (3 ans) de 88 à 91, jusqu’à sa récupération par les islamistes en finissant en une vraie tragédie nationale.

L’expérience Algérienne, nous renseigne aussi qu’une révolution peut être facilement récupérée, détournée et surtout la faire échouer !

On peut aussi conclure qu’après tant de dictature, les premiers à en profiter d’une ouverture démocratique se sont les islamistes du fait de leur idéologie religieuse, de leur structure qui peut s’organiser au sein des mosquées, et surtout avec les facteurs abstention/vote sanction …etc. Tandis que les partis progressistes, démocrates, ne peuvent rivaliser en un laps de temps aussi court !

Rappelons-le, qu’après le 5 octobre 88, plein de nouveaux partis progressistes ont investi le terrain tel que le FFS (Front des Forces Socialistes) du charismatique Aït Ahmed, mais le laps de temps très court ne leurs a pas permis de conquérir un nombre important d’électeurs.

Et pour finir, cette expérience Algérienne et aussi les expériences de ce qu’on appelle les révolutions arabes nous laissent devant un vrai dilemme, quel changement veut-on ? Est-ce qu’on change les choses juste pour le plaisir du changement ? Tout en laissant le peuple devant un choix inconcevable entre la peste (islamistes) ou le choléra (système) ?

De même est ce qu’on fait la démocratie avec des gens qui ne croient pas à cette dernière ? Est-ce que ça serait logique de la laisser nous ramener des partis totalitaires au pouvoir ? Est-ce qu’il ne serait pas le moment de repenser la démocratie propre à nos pays ?

En tout cas, telle était la douloureuse expérience Algérienne avec l’ouverture démocratique.

Dz Du Coeur

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